Le projet initial présenté en 2022 a évolué et s'est enrichi de volets complémentaires, afin de répondre sans attendre aux objectifs de décarbonation de l'industrie fixés aussi bien au niveau européen qu'au niveau national.
Le projet de production d'hydrogène décarboné prévoit ainsi un déploiement progressif de plusieurs technologies de production d'hydrogène, associant des technologies matures et innovantes, pour assurer une production d'hydrogène décarboné nécessaire d'abord et majoritairement aux besoins de la bioraffinerie de La Mède, puis pour contribuer - à échéance plus lointaine - aux ambitions régionales, nationales et européennes de développement de la filière d'hydrogène décarboné.
La solution présentée en 2022 à l'occasion de la concertation préalable consistait à développer des infrastructures destinées à la production d'hydrogène par électrolyse de l'eau, à partir d'une électricité décarbonée. Deux-tiers de la production étaient destinés à alimenter la bioraffinerie de La Mède, en remplacement d'une partie de l'hydrogène carboné aujourd'hui utilisé, et le restant était destiné à d'autres clients pour des usages de mobilité.
En l'état des projets actuellement menés à l'échelle industrielle, le recours à la seule technologie par électrolyse de l'eau, tel qu'envisagé pour Masshylia et présenté lors de la concertation préalable, ne paraît plus adapté en première approche, pour la décarbonation de la bioraffinerie à court terme et la fourniture d'hydrogène décarboné pour les clients du territoire.
Il n'en demeure pas moins que les porteurs du projet - et en particulier TotalEnergies Raffinage France (TERF) - ambitionnent d'atteindre un objectif d'approvisionnement de 100 % d'hydrogène décarboné pour la bioraffinerie de La Mède en 2028.
Pour y parvenir et compte tenu de l'état de maturité des différentes technologies de production d'hydrogène décarboné, il a été jugé préférable d'implanter - avant les électrolyseurs - une unité de fabrication d'hydrogène par vaporefermage à partir de sources d'origine renouvelable.
Ce choix de développer, dans un premier temps, une production d'hydrogène par vaporeformage à partir de sources d'origine renouvelable paraît le plus approprié car son fonctionnement repose sur une technologie industrielle bien connue et éprouvée.
Cette solution vient ainsi compléter celle proposée dans le schéma initial du projet. Ce schéma initial, présenté en 2022, visait à réduire les émissions de CO2 à hauteur de 33 500 tonnes par an. Le schéma enrichi présenté ici, propose une réduction beaucoup plus ambitieuse.
Le projet enrichi ne prévoit plus de capacité de stockage d'hydrogène, tenant compte des préoccupations exprimées sur ce sujet par de nombreux participants lors de la concertation préalable.
L'hydrogène produit par les électrolyseurs sera acheminé vers les clients par des canalisations.
Le projet s'inscrit dans la lutte contre le réchauffement climatique et contribue à accélérer la transition vers des énergies plus respectueuses de l'environnement.
Il a pour principaux objectifs de :
Il s'inscrit dans les objectifs fixés par les pouvoirs publics pour l'hydrogène décarboné aux niveaux international, européen, national et régional.
Le projet tel qu'envisagé à la suite de la concertation préalable et de l'avancement des études, prévoit un déploiement progressif de plusieurs technologies de production d'hydrogène décarboné, avec l'ajout d'une première étape en amont de l'étape d'implantation des électrolyseurs.
Cette première étape, qui vient enrichir le projet, repose sur l'utilisation d'une technologie éprouvée, le reformage à la vapeur, à partir de sources d'origine renouvelable.
Il est ici envisagé de construire sur le site industriel de La Mède une unité SMR, qui permettra de produire jusqu'à 70 tonnes d'hydrogène par jour, soit 100 % des besoins en hydrogène du site, en remplacement de l'unité existante de reformage de naphta. Cette production sera réalisée à partir de biogaz (BioROG, BioGPL) et de bio-naphta, qui sont issus de l'unité de production de biocarburants (HVO) déjà existante sur le site industriel de La Mède.
L'unité SMR relève de la législation relative aux installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE) notamment au titre de la directive sur les émissions industrielles. L'unité sera exploitée, à ce titre, par Air Liquide France Industrie.
Dans le cadre de cette première étape du projet, l'unité de reformage de naphta d'origine fossile aujourd'hui présente sur le site industriel de La Mède – appelée « Reformeur » - et servant à la production d'hydrogène carboné, sera arrêtée. En conséquence de cet arrêt, une nouvelle unité (dite Gas Plant) sera mise en place, afin de traiter les biogaz et le bio-naphta issus de l'unité de production de biocarburants. Elle inclura :
Ces équipements, relevant également du régime des ICPE, seront exploités par TotalEnergies Raffinage France (TERF).
La technologie du SMR à partir de sources d'origine renouvelable est choisie pour sa maturité et sa capacité à soutenir immédiatement les efforts de décarbonation de la bioraffinerie de La Mède, en parallèle de l'arrivée à maturité de la solution technologique par électrolyse de l'eau envisagée au stade de la concertation préalable.
Les études d'ingénierie de base menées sur la section d'électrolyse de l'eau en 2022 et 2023 ont révélé un besoin de tests complémentaires inhérents au développement d'une nouvelle technologie. A ce stade du développement des unités de production d'hydrogène par électrolyse, ce procédé, bien qu'innovant et prometteur, ne dispose pas encore aujourd'hui de la maturité et du retour d'expérience suffisants pour garantir une production constante et au niveau de fiabilité requis pour le bon fonctionnement de la bioraffinerie, qui nécessite une fourniture d'hydrogène stable et continue dans le temps, ainsi que pour l'alimentation pérenne des clients tiers du territoire. Les études ont ainsi conduit les maîtres d'ouvrage du projet Masshylia à revoir la configuration du projet tel qu'initialement envisagée.
Plusieurs sujets techniques nécessitent encore des études complémentaires et la réalisation de tests afin de valider le design définitif sur la section d'électrolyse en vue d'un usage industriel.
Dans la deuxième étape du projet, un électrolyseur de 20 MW sera installé pour produire environ 8 tonnes d'hydrogène par jour à partir d'électricité décarbonée. Cette installation sera exploitée par TotalEnergies Raffinage France sous le régime des ICPE. Sa conception, son développement et sa construction seront, quant à eux, assurés conjointement avec ENGIE dans le cadre d'une coentreprise.
Comme présenté lors des précédentes étapes de concertation, l'alimentation de cet électrolyseur sera assurée grâce au raccordement d'un nouveau poste de transformation électrique, prévu au sein du site industriel de La Mède, à la ligne électrique 225 000 volts Lavéra-Septèmes par la création d'une ligne électrique souterraine 225 000 volts installée par RTE.
L'électrolyseur contribuera à renforcer l'autonomie en hydrogène de la bioraffinerie. Il permettra en effet de sécuriser avec une deuxième technologie une partie de l'approvisionnement de la bioraffinerie en hydrogène et d'envisager, le cas échéant, de dégager des volumes d'hydrogène décarboné, à l'échelle du site de La Mède, pour l'alimentation de clients tiers du territoire (industrie, mobilité).
Le bouquet électrique présenté lors de la concertation préalable ne sera pas modifié.
Ainsi, à ce jour, l'approvisionnement de l'électrolyseur en électricité se composera :
La part réservée dans ce plan d'approvisionnement à l'électricité issue du marché de l'électricité s'explique par le fait que l'hydrogène généré à travers l'électrolyse de l'eau doit être produit de façon stable afin de permettre aux clients de fonctionner en continu. Or, les énergies renouvelables sont, par définition, intermittentes. Ainsi, afin de compenser cette intermittence, de l'électricité doit être achetée sur le réseau français.
Il est à noter que la ferme solaire envisagée sur le site industriel de La Mède dans la configuration initiale du projet, n'a pas été conservée car elle ne constituait pas la meilleure option de valorisation d'une parcelle de foncier déjà artificialisée. Les zones prévues pour la ferme solaire seront utilisées pour accueillir les installations relatives à l'électrolyseur de 50 MW.
Après le déploiement de l'étape 2 (unité de 20 MW) qui permettra de valider la technologie retenue, la troisième étape du projet introduit un électrolyseur de 50 MW, capable de produire environ 20 tonnes d'hydrogène par jour.
Comme l'électrolyseur de 20 MW, l'électrolyseur de 50 MW est une installation classée pour la protection de l'environnement (ICPE). Sa conception, son développement et sa construction seront assurés conjointement avec ENGIE, dans le cadre de la coentreprise créée pour le développement des électrolyseurs.
L'hydrogène produit à l'issue de cette étape 3 pourrait venir renforcer l'alimentation des corridors d'hydrogène décarboné à l'échelle régionale et européenne, via par exemple Hynframed et H2med.